Les taxis mobilisés contre les chauffeurs clandestins et UberPOP

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Les chauffeurs de taxi français ont mené jeudi un mouvement de protestation massif contre les véhicules clandestins utilisant l\’application UberPOP, perturbé la circulation dans nombre de villes et bloqué l\’accès à des aéroports et des gares.
Le Premier ministre, Manuel Valls, a condamné les dégradations et incidents "dans les deux camps" et assuré que les responsables seraient poursuivis.
"Ils donnent une image déplorable aux visiteurs de notre pays", a-t-il dit pendant une visite en Colombie, ajoutant que "toutes les voies de droit" seraient épuisées pour parvenir à la neutralisation de l\’application UberPOP.
Avant lui, le ministre de l\’Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait lancé un appel au calme face à une tension croissante et consenti un geste : un arrêté d\’interdiction de la préfecture de police de Paris visant UberPOP, Heetch et Djump, comme cela a déjà été fait dans d\’autres villes de France.
Une délégation de l\’intersyndicale des taxis a été reçue par les services du Premier ministre. Le ministre de l\’Intérieur, qui s\’était entretenu avec des chauffeurs en colère en marge d\’une visite à Marseille, est rentré à Paris pour une rencontre avec l\’intersyndicale.
Pour Ahmed Senbel, président de la Fédération nationale des taxis indépendants (FNTI), les messages de fermeté du gouvernement sont insuffisants.
 
"A un moment donné, on ne peut plus négocier. Ça fait depuis 2011 qu\’on négocie. Aujourd\’hui, on veut le respect de la loi ou alors qu\’on rembourse nos licences et on devient tous des Uber et des UberPOP", a-t-il dit sur BFM TV. 
"L\’arrêté, ça ne suffit pas. Il y a déjà eu plusieurs arrêtés, à Marseille ou à Bordeaux, ça n\’a rien changé. On ne peut pas mettre un \’flic\’ derrière chaque utilisateur d\’UberPOP", a-t-il ajouté.
L\’application UberPOP est en principe interdite par la loi dite Thévenoud de 2014, mais sa mise en oeuvre se heurte à un manque de moyens et Uber, qui juge cette interdiction contraire à la liberté d\’entreprendre, a obtenu de la Cour de cassation que la question soit soumise au Conseil constitutionnel.
La loi punit de deux ans de prison et 300.000 euros d\’amende la mise en relation de clients avec des chauffeurs non enregistrés pour des prestations de transport payantes.
Un porte-parole d\’Uber a dit à Reuters que la société déposerait un recours auprès du tribunal administratif contre l\’arrêté parisien pris vendredi. La société californienne demande par ailleurs à être reçue par le Premier ministre.
Selon le ministère de l\’Intérieur, quelque 3.000 taxis se sont mobilisés jeudi, sur 55.000 chauffeurs recensés. Manuel Valls a fait état de "plus de 5.000" chauffeurs en colère.
Ils réclament la désactivation de l\’application internet UberPOP, seule manière selon eux de bloquer ce service. Mais une telle mesure n\’est possible que sur décision de justice.
Les manifestants s\’en prennent aussi aux voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) légalement enregistrées mais qu\’ils accusent également de concurrence déloyale. Deux voitures ont ainsi été retournées à Paris, Porte Maillot.
Les accès routiers aux aéroports d\’Orly et de Roissy-Charles-de-Gaulle étaient toujours bloqués en fin de journée. Des voyageurs ont dû marcher avec leurs bagages jusqu\’aux aérogares.
Les chauffeurs en colère ont également perturbé les accès aux gares parisiennes et la circulation sur le boulevard périphérique, parfois au prix de tensions avec les forces de l\’ordre déployées en nombre.
Selon le porte-parole du ministère de l\’Intérieur, six policiers ont été légèrement blessés. "Il y a pour le moment cinq interpellations sur la région parisienne", a précisé Pierre-Henri Brandet sur iTELE.
La voiture dans laquelle avait pris place la rock star américaine Courtney Love après son atterrissage à Paris a été attaquée et la chanteuse a posté sur Twitter un appel à François Hollande pour qu\’il "bouge son cul". "Je suis plus en sécurité à Bagdad", a-t-elle écrit.
En province, les taxis ont coupé totalement ou partiellement les accès aux aéroports de Toulouse, Marseille, Nice ou Nantes, où ils ont brûlé des pneus.
A Lyon, la police a interpellé trois chauffeurs qui s\’en étaient pris à des prestataires UberPOP. Trois autres chauffeurs de taxi ont été arrêtés dans le cadre de l\’enquête sur l\’agression dont un client UberPOP a été victime dans la nuit de samedi à dimanche derniers.
jeudi 25 juin 2015 
REUTERS
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